Le Musée d’art de Joliette produit la première exposition-bilan consacrée à l’artiste canadienne d’origine coréenne Jin-me Yoon.
Jin-me Yoon, Testing Ground (arrêt sur image), 2019. Avec l’aimable permission de l’artiste.
Une exposition du Musée d’art de Joliette
Commissaire : Anne-Marie St-Jean Aubre VERNISSAGE LE 26 MARS DE 14 H À 19 H
Le Musée d’art de Joliette produit la première exposition-bilan consacrée à l’artiste canadienne d’origine coréenne Jin-me Yoon. L’exposition Living Time From Away [Ici ailleurs d’autres spectres] rassemble des photographies, des vidéos et des œuvres installatives soulignant les différentes stratégies employées par Yoon pour sonder les notions de nationalisme, de sentiment d’appartenance, d’immigration, de commémoration, de représentation identitaire et de construction de l’histoire. Cette première exposition individuelle d’importance fait un bilan des trente ans de carrière de l’artiste et dévoile une série d’œuvres inédites.
Jin-me Yoon, Long View (video), 2017. Avec l’aimable permission de l’artiste.
Mot de la commissaire
L’artiste canadienne d’origine coréenne Jin-me Yoon est connue pour ses œuvres photographiques et vidéographiques mettant en scène différents rapports temporels et spatiaux pour traiter des enjeux d’immigration, de sentiment d’appartenance, d’identité et de commémoration. Cette première exposition individuelle d’importance, qui inclut de nouvelles œuvres, propose un bilan des trente ans de carrière de l’artiste.
Le projet, une initiative du Musée d’art de Joliette, se développe en deux volets : le premier est présenté au Musée d’art de Joliette à l’été 2019 alors que le Musée d’art contemporain des Laurentides accueille le deuxième volet à l’automne 2019. Chacun des volets est composé d’œuvres distinctes et propose un point de vue différent sur la pratique artistique de Jin-me Yoon.
Au cœur de la démarche de l’artiste, se trouve un désir d’interroger et de fragiliser la représentation photographique et vidéographique, qui tend généralement à fixer l’identité. Dans son nouveau corpus, Jin-me Yoon s’éloigne du regard analytique de ses premières séries, qu’on pense à Souvenirs of the Self (1991) ou à Touring Home From Away (1996). Elle y adopte une approche plus poétique et fluide où l’être humain ne joue plus un rôle aussi central, mais est présenté en contrepoint d’un environnement naturel qui le dépasse. Prise dans son ensemble, cette exposition donne un aperçu de l’évolution de la pratique artistique de Jin-me Yoon, sans pour autant adopter une approche chronologique.
Jin-me Yoon, Fugitive (Unbidden) #5 (détail), 2004. Avec l’aimable permission de l’artiste.
Cette exposition est produite et circulée par le Musée d’art de Joliette grâce au soutien du Ministère de la culture et des communications du gouvernement du Québec.
Jin-me Yoon, née à Séoul en Corée, a immigré au Canada en 1968 pour s’installer à Vancouver, où elle réside toujours. Elle a effectué des études en arts visuels à Montréal et enseigne à l’Université Simon Fraser depuis 1992. Son travail a été largement exposé au Canada, aux États-Unis et en Asie. Finaliste pour le prix photographique Aimia en 2009, elle a remporté une bourse de recherche du Smithsonian en 2013. Elle a réalisé une nouvelle œuvre commandée dans le cadre du projet pancanadien Landmarks2017/Repères2017, développé en écho au site de la réserve du parc national Pacific Rim. Depuis 2018, Jin-me Yoon est membre de la Société royale du Canada. Ses œuvres font partie de dix-sept collections publiques canadiennes et internationales, y compris les collections du Musée des beaux-arts du Canada, du Musée royal de l’Ontario, de la Galerie d’art de Vancouver et du Musée d’art de Séoul.
Anne-Marie St-Jean Aubre Commissaire et conservatrice de l’art contemporain au Musée d’art de Joliette
Connue comme peintre et auteure, Monique Régimbald-Zeiber a une carrière qui s’étend sur plus de trente-cinq ans de pratique artistique.
Monique Régimbald-Zeiber, Steak, vers 1995. Acrylique sur toile de coton. 31 x 41 cm. Avec l’aimable permission de l’artiste. Photo : Paul Litherland
Une exposition du Musée d’art de Joliette
Commissaire : Anne-Marie St-Jean Aubre VERNISSAGE LE 26 MARS DE 14 H À 19 H
Visite commentée par la commissaire à 15 h et à 17 h 30
À propos
Connue comme peintre et auteure, Monique Régimbald-Zeiber a une carrière qui s’étend sur plus de trente-cinq ans de pratique artistique. Elle a développé une démarche fascinante qui trouble l’histoire du formalisme québécois en peinture en y insérant des références au corps et à la réalité des femmes, décrite par les femmes. Son mot d’ordre : donner une présence à ces histoires, souvent réduites à l’état d’anecdotes ou de faits divers, en cherchant à « figurer autrement ». Toujours en équilibre sur la fine ligne départageant l’abstraction de la figuration, son travail traite les mots en images et aborde la composition picturale sous l’angle de la syntaxe, croisant de manière singulière les champs au centre de ses recherches, soit la littérature et la peinture. Professeure à l’École des arts visuels et médiatique de l’UQAM durant vingt ans, Monique Régimbald-Zeiber a eu un impact certain sur la formation des artistes contemporains québécois d’aujourd’hui.
À l’hiver 2020, le Musée d’art de Joliette offre à Monique Régimbald-Zeiber sa première exposition rétrospective. Composée d’œuvres des années 1980 à aujourd’hui, cette exposition fait apparaître le fil conducteur d’une carrière élaborée sous le signe de la conversation.
Monique Régimbald-Zeiber, Ta gueule, vers 1994. Avec l’aimable permission de l’artiste. Photo : Paul Litherland
Biographie
Monique Régimbald-Zeiber vit et travaille à Montréal. Très tôt, elle s’est intéressée à l’écriture et au politique dans l’art. En 1980, elle obtenait un PhD en littérature qui proposait une lecture croisée des écrits et pratiques picturales de l’avant-garde russe. Elle a été professeure à l’École des arts visuels et médiatiques de l’UQAM de 1992 à 2012. Peintre, elle a, depuis une vingtaine d’années, développé une démarche qui interroge la construction du regard et de l’histoire, en particulier celle des femmes. Elle le fait dans et par des croisements de peinture et d’écriture. C’est à l’intérieur de ce projet qu’elle s’est intéressée à la peau comme ultime registre de la petite histoire. Ses œuvres font partie de différentes collections dont celles du Musée national des beaux-arts du Québec, du Musée d’art contemporain de Montréal et de la Galerie de l’UQAM. Elles ont été exposées au Québec, au Canada et en Europe. Ses deux dernières expositions individuelles se tenaient à Rome en 2008 (Éclats de Rome à la galerie La Nube di Oort) et à Montréal en 2011-2012 (Les dessous de l’histoire (2) à la Galerie B 312). En 1997, elle fonde avec Louise Déry, directrice de la Galerie de l’UQAM, les Éditions Les petits carnets.
Mot de la commissaire
De la cuisine à la chambre à coucher en passant par l’atelier – version contemporaine de la « chambre à soi » –, Monique Régimbald-Zeiber explore les lieux et les mots associés à la vie des femmes dans des œuvres picturales qui s’apparentent à des conversations. Connue pour son engagement dans les milieux de l’art, de l’enseignement et de la recherche, elle a une carrière en peinture qui s’étend sur plus de trente-cinq ans. Sa démarche trouble l’histoire du formalisme québécois en peinture en y insérant des références au corps et à la réalité des femmes, décrites par les femmes. Son intention : donner une présence visible à leurs histoires, souvent réduites à l’anecdote ou aux faits divers, en cherchant à « figurer autrement ». De Marguerite Bourgeoys à Annie Ernaux, en passant par Jane Austen, Naomi Fontaine, Nicole Brossard et Agnes Martin, parmi d’autres, les langues et les époques se rencontrent au-delà des frontières dans des tableaux qui élargissent le concept d’abstraction en l’appliquant autant à la langue qu’à la peinture. Les mots, dans leur rapport au réel, ne reposent-ils pas eux aussi sur un système de conventions qui ne leur garantissent un sens que par l’apprentissage? Ou, au contraire, parce qu’ils ramènent à l’esprit l’image de la réalité qu’ils convoquent, les mots ne seraient-ils pas plutôt des outils au service de la représentation? Toujours en équilibre sur la fine ligne entre abstraction et figuration, le travail de MRZ combine de manière singulière littérature et peinture en traitant les mots en images et en abordant la composition picturale comme une syntaxe.
Les termes liés au corps et au sexe des femmes ou ceux qui servent à les interpeller, tirés des registres du comestible et de l’animal, les réduisent au statut d’objets à consommer et à posséder. Ces glissements, du mot à l’image et de l’image au mot, infiltrent nos imaginaires en les pétrissant de connotations péjoratives. En réponse, sont choisis et copiés des écrits de femmes qui s’incarnent dans l’urgence d’une prise de parole. Leurs mots sur l’inceste, le féminicide, l’avortement, le silence, l’abandon, mais aussi leur résilience et leurs actions, rappellent l’importance, aujourd’hui encore, d’assumer une position intraitable devant le scandale du sort toujours réservé aux femmes. MRZ réunit en un chœur des voix dispersées qui parlent des chemins parcourus et de ce qui reste à parcourir. Cette première exposition rétrospective, rassemblant des œuvres des années 1980 jusqu’à aujourd’hui, fait apparaître le droit fil d’une carrière élaborée sous le signe de l’échange, de la communication et de la communauté.
Anne-Marie St-Jean Aubre Commissaire et conservatrice de l’art contemporain au Musée d’art de Joliette
Le Noir de l’encre tire sa naissance d’une formation en lithographie donnée par Joanne Poitras à l’atelier Les Milles Feuilles de Rouyn-Noranda en 2019. Six femmes apprenties lithographes se sont penchées sur l’épreuve fraîchement sortie de la presse, à la recherche du noir qui donnerait à l’image la juste mesure de leur regard sur le monde.
Vernissage virtuel : vendredi 22 janvier à 17h en direct
Le Noir de l’encre tire sa naissance d’une formation en lithographie donnée par Joanne Poitras à l’atelier Les Milles Feuilles de Rouyn-Noranda en 2019. Six femmes apprenties lithographes se sont penchées sur l’épreuve fraîchement sortie de la presse, à la recherche du noir qui donnerait à l’image la juste mesure de leur regard sur le monde.
S’est alors cristallisé le projet d’approfondir à travers les variations sur le thème du noir de l’encre les histoires auxquelles chacune tentait de faire écho lors de premières ébauches lithographiques.
Le noir de l’encre. Ces mots évoquent une époque lointaine et révolue au cours de laquelle le noir de l’encre a investi le dessin, la calligraphie et l’estampe. Aujourd’hui, il est une référence pour qui travaille le monde de l’image et il constitue le sujet de compositions à variations infinies.
Les artistes sont issues de domaines aussi variés que la médecine, l’enseignement de la littérature, la géographie, la psychologie et la création artistique. Elles ont répondu avec enthousiasme à cette invitation confiantes que le projet prendra ainsi plusieurs chemins. Pour enrichir l’expérience de création pilotée par Joanne Poitras, autant d’artistes masculins, qui proviennent du Québec, de la France et de l’Angleterre, ont été à leur tour invités à se joindre au collectif. Leur pratique respective varie de l’art imprimé à la sculpture en passant par la peinture, le dessin et la performance.
Le Noir de l’encre expose sous le mode exploratoire, grâce à ce collectif de douze artistes, des lithographies, de la peinture et du dessin, un livre d’artiste, des monotypes, des collages et même une conversation en téléprésence.
Vernissage virtuel de l’exposition Le Noir de l’encre Vendredi 22 janvier 2021
16 h – Disponibilité de la visite virtuelle 360 degrés sur le Web
17 h – Mot de bienvenue par Jean-Jacques Lachapelle, directeur du MA 17 h 10 – Mot de présentation par Joanne Poitras, idéatrice du projet 17 h 15 – Prise de parole par les artistes 17 h 15 – Isabelle Roby 17 h 20 – Luc Boyer 17 h 25 – Joanne Poitras 17 h 30 – Luc Brévart 17 h 35 – Violaine Lafortune et Ram Samocha 17 h 45 – Gabrielle Demers 17 h 50 – Donald Trépanier 17 h 55 – Le travail de Nicole Gingras vu par Joanne Poitras 18 h 00 – Louis Brien 18 h 05 – André Gagnon 18 h 10 – Martine Cournoyer 18 h 15 – Lecture d’un texte de Martine Cournoyer par Gabrielle Demers 18 h 25 – Mot de la fin
Luc Boyer
Matière noire
Que ce soit en bandes dessinées ou au cinéma, l’imaginaire et la science fiction ont toujours marqué mon existence. Tous ces personnages, lieux et univers atypiques qui permettent de voyager hors du quotidien, hors de la matière, sont pour moi une source de découvertes et d’inspiration. Mes œuvres se créent de manière instinctive, spontanément, autant en dessin qu’en sculpture. Je souhaite qu’elles soient des points de départ pour faire voyager quiconque s’y attarde un peu.
Des milliers de petits gribouillis se juxtaposent, se superposent et se transforment en des noirs plus ou moins denses. La lumière qui trouve sa place tout doucement fait apparaître des volumes vaporeux et des atmosphères. Les repères, de plus en plus rares, deviennent immatériels. Les formes s’envolent comme brouillard au soleil. Se manifestent alors l’infiniment petit et l’infiniment grand.
Des milliers de petits morceaux de papier imprimés et déchiquetés se métamorphosent en matière et espace. La structure s’impose et les formes organiques inspirées des abysses et de l’intérieur du corps humain se matérialisent. Le voyage vers l’imaginaire est déjà commencé.
Luc Boyer : Matière noire, 2020. Stylo Hi-Tecpoint sur papier Arches, 76 x 56 cm. Photo : Sylvain Tanguay.
Natif de Québec, Luc Boyer s’installe en Abitibi, à Rouyn-Noranda, en 1982. Il a enseigné à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue et au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue tout en demeurant actif dans le monde des arts : expositions, symposiums, résidences d’artistes, art public, etc. Son travail a été vu en Abitibi-Témiscamingue, au Québec et à l’étranger, dont au Nouveau-Brunswick, en Belgique, en Italie et en France.
Luc Brévart
L’eau noire de l’encre
Mon noir de l’encre est une estampe de confinement.
Habitant une partie de mon temps aux Açores, je pose mon regard sur l’état d’un monde en dérive dans un environnement encore (mais pour combien de temps) en partie sauvegardé.
Pour le projet Le noir de l’encre, j’envisage un travail de représentation cartographique pour exprimer ce monde vers lequel nous risquons d’aller – mais où le noir prend différentes profondeurs, différents reflets, différentes épaisseurs, différents sens et connotations … un noir de désespoir tout autant qu’un noir d’espoir.
La forme finale des estampes dépend de la matière noire qui est broyée pour imprimer, pour engluer, pour sublimer mes matrices.
Luc Brévart : L’eau noire de l’encre, 2020. Estampe de confinement. Sérigraphie. 17 passages – 1 jus d’ocre, 1 jus blanc et 15 jus de noir. Tirage 8 exemplaires. Aux Ateliers de la Halle à Arras. Format papier: 58 x 76 cm. Format image: 48 x 56 cm.
Luc Brévart vit à Mont-Saint-Éloi, France. Formé aux Beaux-Arts de Lille et au Fine Art Institute de Chicago, il s’intéresse aux techniques du multiple, fonde en 1995 Le Quai de la Batterie qui devient en 2014 Les Ateliers de la Halle et crée la biennale « Livres à Voir » en 1996. Il intègre la prestigieuse collection de livres d’artistes la Yale Gallery (New York) en 2012.
Louis Brien
La visite de pepère
Le noir de l’encre est un thème qui me fascine depuis longtemps. Aussitôt que je me suis mis à faire de la lithographie en 1969, j’ai été estomaqué de voir la qualité du noir de l’encre Charbonnel. Le noir de l’encre lithographique est si profond. Je n’ai jamais vu un foncé aussi pur et des nuances de gris si intéressantes. Ce noir, je l’ai d’abord vu sur mes lithographies en noir et blanc produites à Genève en 1974.
Ma démarche aujourd’hui s’actualise par des collages réalisés à partir de découpages de mes lithographies anciennes et perpétue la beauté du «noir de l’encre».
Pour réaliser un collage sur le thème de l’artiste et son modèle, par exemple, je choisis minutieusement les estampes qui me serviront à sa fabrication. La qualité du noir est toujours le premier critère qui me guide. Je découpe dans une estampe les morceaux qui me donneront un noir ferme et uniforme et des gris riches et soutenus.
Les collages réalisés présentent une qualité de noir impeccable et variée. Le noir des images s’offre à nous dans toute sa force et ses nuances. Sans ce noir, l’œuvre serait mièvre et indigne de ravir le public qui la regarde.
Louis Brien : Une famille de par chez nous, 2020. Collage. Photo : Sylvain Tanguay
Né à Amos (Québec) en 1941, Louis Brien étudie à l’École des Beaux-Arts et à l’Université du Québec à Montréal. Il se perfectionne au Centre de gravure contemporaine à Genève en 1974 et 1975. Il enseigne les arts en Abitibi-Témiscamingue durant 25 ans. Cofondateur de l’Atelier les Mille-Feuilles, Rouyn-Noranda, il a présenté plus d’une centaine d’expositions solos et collectives au Québec, au Canada, aux États-Unis, en Europe, en Nouvelle-Zélande.
Martine Cournoyer
Dom Detey No2
Ma démarche artistique est axée sur une interprétation sensible et intuitive de la réalité. J’aspire à approcher l’essence de ce qui est devant moi ou à l’intérieur de moi, et à poser ce ressenti sur le support.
Ma contribution au projet collectif Le noir de l’encre est un livre d’artiste intitulé Dom Detey No2, ce qui signifie Maison des enfants No2, en russe. Dans le livre d’artiste, le contenu et le contenant s’alimentent, se complètent et se transcendent l’un l’autre. L’œuvre communique autant par sa trame narrative que sa forme plastique. Dom Detey No2 traite de l’adoption d’une enfant slave par des parents québécois, en mettant en parallèle le vécu de l’enfant en institution et celui de la future mère, à différents moments de l’attente.
Tant le noir que l’encre m’apparaissent comme les piliers sur lesquels appuyer mon œuvre. Le noir, conçu comme une absence de lumière, permet de rendre compte du vécu en orphelinat et du vide intérieur de la mère. L’encre, pour sa part, tour à tour liquide et pâteuse, rend possible l’écriture autant que l’impression. Du procédé lithographique résulte parfois des traces sur le papier, qui permettront de révéler les fantômes qui hantent la relation mère-enfant.
Martine Cournoyer : Vide, 2020. Lithographie sur plaque de polyester sur papier BFK rives
Originaire de Sorel-Tracy, Martine Cournoyer habite à Rouyn-Noranda depuis trente ans. Docteure en psychologie, elle a enseigné cette discipline à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Depuis 20 ans, elle se forme en peinture, en arts plastiques, en estampe et en art-thérapie et participe à des expositions collectives au Québec (Biennale internationale d’art miniature de Ville-Marie) et en Ontario. Elle est co-auteure de cinq œuvres littéraires destinées aux enfants non-voyants.
Gabrielle Demers
fines electus
Mon projet unit l’intime et le géographique. Originaire de Montréal, mais établie en Abitibi, je cherche à entrecroiser divers horizons de ces sphères quotidiennes : le territoire arpenté et les résonances personnelles qui en découlent.
C’est par le travail de recherche et de création en art imprimé que je conjugue ces univers pour créer de nouveaux horizons, grâce à l’union du papier et de l’encre des presses. En effet, les lieux choisis, icônes territoriales reconnues, vont permettre, une fois superposés et métamorphosés, de créer un nouvel horizon, une nouvelle identité en ramenant le tout à une expression simple : la ligne, la masse d’encre. Par ce travail d’assemblage et de superposition des visions, je cherche à soutenir le souvenir et l’identité dans leurs mouvances.
Gabrielle Demers : Paysages imaginaires, 2020. Lithographie sur plaque de polyester, dimensions variables : 30 x 20 cm à 30 x 40 cm. Photo : Sylvain Tanguay
Gabrielle Demers complète présentement un certificat en art plastiques à l’UQAT. Elle détient une maîtrise en Études littéraires de l’UQAM, traitant de l’art poétique pictural. Autrice (poésie), elle poursuit aussi une pratique en arts visuels qui inclut la performance, l’installation et les arts imprimés traditionnels et numériques. Son travail a été présenté à plusieurs reprises en Abitibi-Témiscamingue, au MA notamment. Ses œuvres font parties de collections publiques et privées.
André Gagnon
Chercher la bête noire
Un principe général oriente mon travail : des images empruntées au réel sont détournées de leur contexte ordinaire par un jeu sur les frontières de la figuration et de l’abstraction. La recherche de signification caractérise la marche des humains. Cette quête amène à questionner la réalité perçue et les réels possibles.
L’encre est associée à la couleur noire par ses caractéristiques matérielles, de manière aussi manifeste que le charbon, la suie ou le goudron. De même, certains animaux sont associés au noir par leur apparence. Dans ce cas, une charge symbolique se superpose à l’association formelle : ainsi, la bête noire, qui selon les cultures peut être un chien, un chat ou un mouton, devient signal de mauvais présage ou encore de danger.
Dans les œuvres présentées, encre de Chine et encre sérigraphique noires se combinent pour masquer partiellement, sous des formes abstraites, différents animaux associés à la couleur noire. Ce jeu entre masquage et transparence des encres noires pousse le regardeur à chercher la bête. Il en arrive à découvrir un bestiaire qui se révèle à la manière d’une épreuve photo argentique lors de son développement ou, encore, lors du retournement de la première impression d’une estampe. Curiosité, confirmation et une certaine surprise se combinent dans la découverte graduelle de l’image anticipée.
André Gagnon : Chercher la bête noire 2, 2020. Encre de Chine et encre sérigraphique noires sur papier Arches Aquarelle. 56 x 76 cm. Photo : Sylvain Tanguay
Natif de Saint-Hubert près de Montréal, André Gagnon vit et travaille en Abitibi depuis 1977. Détenteur d’un doctorat en psychologie sociale, il a également complété des certificats en arts plastiques et en peinture à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Il a participé à des expositions collectives et présenté une exposition solo à l’Écart de Rouyn-Noranda. Son travail se concentre sur la peinture et l’installation.
Nicole Gingras
Vies privées
Je suis de ces personnes pour qui le respect de la vie privée est une chose très importante. Je suis d’une génération qui a connu l’époque pas si lointaine où la vie intime et les renseignements personnels n’étaient naturellement pas facilement accessibles à n’importe qui. Maintenant, il est courant de voir les gens diffuser ces précieuses informations personnelles avec, en prime, les photos de leurs enfants. Ma démarche se veut une réflexion sur ces changements de valeurs.
J’utilise la lithographie pour donner une nouvelle dimension aux dessins que je fais depuis toujours au marqueur à pointe fine. Les encres noires de la lithographie, les différents papiers utilisés, mes dessins abstraits, tout cela combiné aux silhouettes tirées de photographies de mes enfants et petits-enfants, les rend étrangement anonymes, méconnaissables.
Nicole Gingras : Le noir de l’encre, 2019-2020. Lithographie sur plaque polyester
Nicole Gingras a une formation en céramique et a participé à quelques Salons des Métiers d’arts à Amos. Elle dessine surtout au marqueur noir et imprime certains de ces dessins après numérisation. En peinture elle fait de l’aquarelle, de l’acrylique et de la détrempe à l’œuf. En 2018, elle obtient un certificat en peinture à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Elle a présenté une première exposition solo « Constellations, le cercle tabou » en 2016 à Amos et a participé à quelques expositions collectives.
Joanne Poitras
Cet obscur objet
La forme, c’est le fond qui remonte à la surface. Victor Hugo
Je travaille sur la nature éphémère et décomposable du matériau accumulé et de l’empreinte, de la marque que cette dernière laisse au passage. À partir de ces éléments, j’interroge notre rapport au monde.
En mars 2014, l’église du village de St-Eugène-de-Guigues a été ravagée par les flammes. Les jours qui ont suivi, avec l’accord des autorités locales, j’ai photographié, filmé les lieux et recueilli des restes sous les décombres. J’utilise ces artéfacts dans un projet artistique pour réparer l’imaginaire. Les objets ramassés sont dessinés sur les matrices. Les encres noires sont empilées une couche à la fois sur un papier que la raclette écrase en glissant sous la pression du tympan de la presse lithographique. Je cherche la lumière et la forme sous les différentes couches de noir accumulées afin que l’objet renaisse… autrement. Le noir de l’encre devient les parois de tunnels qui mènent vers les lumineuses profondeurs.
Joanne Poitras : Premier état du dessin d’un objet ramassé sous les décombres, 2020.
Joanne Poitras est native de Saint-Eugène-de-Guigues au Québec. Artiste plasticienne, elle a exposé au Québec, au Canada et à l’étranger. Cofondatrice de l’Atelier Les Mille Feuilles à Rouyn-Noranda et de la Biennale internationale d’art miniature à Ville-Marie. En 2018, elle réalise une résidence de création suivie d’une exposition au Musée d’art de Rouyn-Noranda. Elle est invitée en 2020 à la 9ième Biennale nationale de sculpture contemporaine à Trois-Rivières.
Isabelle Roby
Mes automates
Ayant pratiqué la médecine pendant 15 ans, mon intérêt pour la richesse et la complexité de l’humain se poursuit naturellement dans ma démarche artistique. « Qu’est-ce qui est humain ? Avons-nous un patrimoine distinct ? »
Les cyborgs, les manipulations génétiques, les implants, la réalité augmentée, le clonage frappent à notre porte. Le mythe d’Héphaïstos, dieu forgeron, et de ses automates devient actuel. L’automate est un être artificiel créé pour effectuer une tâche précise. Il est doté d’une résistance qui se rapproche de l’immortalité. L’automate libère l’humanité du besoin de travailler et peut s’avérer bénéfique. Mais sa conception supérieure rend possible l’étiolement des humains et la disparition de l’humanité. L’informatique, l’intelligence artificielle, la robotique seraient-elles les descendantes d’Héphaïstos ? La connaissance peut-elle transformer la matière inanimée en instrument intelligent sans menacer le monde des humains ?
Le noir de l’encre m’amène à approfondir ces dualités : homme-machine, bienfait-malédiction, libération-asservissement. Des impressions assemblant différentes techniques et différentes encres noires sur le papier blanc témoignent de mes tentatives pour donner forme et vie à une création. Le substrat, au lieu de métal, sera de papier. L’encre est le moyen d’agencer les matériaux entre eux et de les animer.
Originaire de St-Nicéphore, Isabelle Roby habite Rouyn-Noranda depuis 27 ans. Détentrice d’un doctorat en médecine, d’un microprogramme de deuxième cycle en art-thérapie et d’un certificat en arts plastiques, elle poursuit un certificat en production artistique. On a pu voir son travail dans plusieurs centres d’exposition au Québec. Ses oeuvres se retrouvent dans la collection de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec et dans différentes collections privées.
Ram Samocha et Violaine Lafortune
Conversations visuelles
Par une performance collaborative alliant vidéo et art imprimé, Ram Samocha et Violaine Lafortune ont utilisé la thématique du noir de l’encre pour questionner la réalité des conversations virtuelles.
Le duo a utilisé comme base de travail une conversation en téléprésence au cours de laquelle, en utilisant de l’encre noire sur un plexiglas placé devant l’écran de l’ordinateur, ils ont progressivement noirci / révélé l’image de l’autre. Le processus conduisait à porter une réelle attention à cette image / personne, malgré la distance. En même temps, l’encrage modifiait considérablement l’apparence réelle de l’autre, tout en conservant des détails précis, à l’instar de la façon dont notre mémoire retient les événements passés.
Alors que la conversation était numérique, le marquage était tangible. Il captait l’essentiel de l’image: les espaces, les contrastes, et ce, tout en marquant le passage du temps. À la fin, le plexiglas, qui faisait office de plaque d’encrage, a été imprimé sur papier, laissant une trace concrète d’une conversation que notre mémoire effacera avec le temps.
Le processus a été documenté par deux vidéos qui accompagnent les monotypes qui, eux, sont la trace tangible d’une conversation virtuelle vouée à l’oubli.
Violaine Lafortune : , Monotype.
Ram Samocha et Violaine Lafortune se sont rencontrés lors d’une résidence en dessin performance organisée à Brighton par Samocha.
Ram Samocha a étudié et vécu en Israël, au Canada et au Royaume-Uni. Il est le fondateur de Draw to Perform Company, une plateforme permettant aux artistes de rassembler, collaborer, partager et échanger des idées autour du dessin performatif. Reconnu aux niveaux national et international, son travail fait partie de divers musées et collections privées. Samocha réside à Brighton, au Royaume-Uni.
Violaine Lafortune est titulaire d’un certificat en arts plastiques de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue et d’un doctorat en géographie physique de l’Université Laval. Son travail a été présenté lors d’expositions collectives et de performances solo. Originaire de la région de Montréal, elle vit et travaille à Rouyn-Noranda, au Québec.
Donald Trépanier
Titre à venir
Mes tableaux témoignent d’une recherche picturale centrée sur les notions d’utopie véhiculée par l’art et son histoire. Souvent de grand format, mes tableaux sont des mosaïques d’ensembles de symboles et de savoir-faire discordants, donnant lieu à une revue des genres en peinture. Cette pluralité propose une réflexion sur la peinture dans ses quêtes de spécificité, développées au cours du siècle dernier.
Dans ce projet, l’oeuvre de Manet, Déjeuner sur l’herbe, est revisitée. Cette référence est teintée d’ambiguïté par l’emploi d’éléments picturaux propres aux caractéristiques de l’environnement abitibien. Le tableau témoigne de la fin d’un cycle par la représentation de l’obscurité et de la disparition. Peint à l’encre noire, ce paysage se veut une allégorie des changements de paradigme liée à une vision trouble d’un monde en changement.
Donald Trépanier, Esquisse numérique pour le projet Le noir de l’encre, 2020.
Natif de Rouyn-Noranda, Donald Trépanier revient en région après des études multidisciplinaires de premier cycle à l’Université du Québec à Montréal et en Abitibi- Témiscamingue. Sa production comporte la performance et la peinture. Ses expositions solos et collectives sont diffusées à l’Écart à Rouyn-Noranda. En 2008, il reçoit une bourse de reconnaissance pour la qualité de son travail à l’exposition Loto-Québec, au Centre d’exposition de Rouyn-Noranda.
Dans un environnement scénique croisant le concert de piano bricolé, l’installation visuelle et le cinéma d’art a lieu une rencontre improbable. Portant les marques du triangle formé par Anticosti, Montréal et Rouyn-Noranda, Bermudes (dérive) entraîne les spectateurs dans un étrange jeu de pistes. Les artéfacts de la créatrice absente servent peut-être moins à la cerner, elle, qu’à baliser un territoire d’invention, de réinvention.
Dans un environnement scénique croisant le concert de piano bricolé, l’installation visuelle et le cinéma d’art, a lieu une rencontre improbable. Deux êtres que tout semble opposer échouent sur un plateau. Ensemble, ils se racontent à partir des séquences non-utilisées d’un film et des fragments d’un roman ; tous deux intitulés Bermudes et signés par une femme fascinée par les naufrages.
Portant les marques du triangle formé par Anticosti, Montréal et Rouyn-Noranda, Bermudes (dérive) entraine les spectateurs dans un étrange jeu de pistes. Les artéfacts de la créatrice absente servent peut-être moins à la cerner elle qu’à baliser un territoire d’invention, d’émancipation. À la dérive des éléments évoquée par les images de fonte des glaces de la Basse-Côte-Nord se superpose la dérive des matériaux : plans cinématographiques, textures sonores, extraits de roman… les deux protagonistes les accueillent en trésors, se les approprient avec curiosité et délicatesse. Et les recomposent dans un nouvel ordre possible.
Un spectacle d’Anne-Marie Guilmaine, Claudine Robillard et Claire Legendre.
Avec : Mika Pluviose, Bob Smith, un chœur silencieux de jeunes et la voix de Jacinthe Tremblay Écriture scénique : Anne-Marie Guilmaine et Claudine Robillard, à partir du roman Bermudes et du film Bermudes (nord) de Claire Legendre. Accompagnement dramaturgique : Mélanie Dumont. Scénographie : Julie Vallée-Léger. Éclairages : Marie-Aube St-Amant-Duplessis. Musique et conception sonore : Frédéric Auger (à l’exception de la pièce Bermudes (nord) de Francis Mineau, tirée du film Bermudes (nord) (réalisation : Claire Legendre)). Consultation vidéo et montage : Dominique Hawry. Images : Franck Le Coroller pour le film Bermudes (nord) (réalisation : Claire Legendre). Direction technique : Gabriel Duquette. Direction de production : Andrée-Anne Garneau. Assistant à la production : Jean-François Vaillancourt.
Une coproduction de Système Kangourou et du Théâtre du Tandem en collaboration avec La Chapelle – scènes contemporaines et le Musée d’art de Rouyn-Noranda.
Représentations : 16, 17, 18 et 19 mars à 19 h, le 20 mars à 16 h Durée du spectacle : 1 h 30 Tarif courant : 25 $ Tarif réduit (étudiants, membres du MA) : 15 $ Scolaire : 10 $
En cas d’annulation du spectacle vous pourrez demander un remboursement intégral ou choisir de conserver votre billet en soutien au milieu culturel.
En raison des conditions sanitaires, la réservation des billets ne pourra se faire que par téléphone au 819-762-6600 ou sur le web https://bit.ly/3p6V9MV. La vente des billets se finira 2 h avant la représentation et aucun billet ne pourra être vendu sur place pour permettre la mise en place de la salle selon les bulles. Un maximum de 4 spectateurs appartenant à la même bulle pourront s’asseoir ensemble.
L’exposition Ourse bleue – Piciskanâw mask iskwew consacrée à l’artiste eeyou Virginia Pesemapeo Bordeleau comprend une centaine d’œuvres et couvre les 40 années de carrière de cette artiste visuelle des Premières Nations. Une publication du même titre coéditée par les Éditions du Quartz et par le Musée d’art de Rouyn-Noranda (MA) réunit 50 reproductions d’œuvres accompagnées d’autant de poèmes inédits, l’artiste ayant également amorcé, au tournant des années 2000, une œuvre littéraire qui compte aujourd’hui plus de sept titres.
OURSE BLEUE - PICISKANÂW MASK ISKWEW | LA RÉTROSPECTIVE
VIRGINIA PESEMAPEO BORDELEAU
INAUGURATION OFFICIELLE AU MA : VENDREDI 18 SEPTEMBRE - 14 H - 19 H
Chargé de projet : Marc-Olivier Hamelin
Tarifs de la visite virtuelle Régulier : 10$ Membre : gratuit
L’exposition Ourse bleue - Piciskanâw mask iskwew consacrée à l’artiste eeyou Virginia Pesemapeo Bordeleau comprend une centaine d’œuvres et couvre les 40 années de carrière de cette artiste visuelle des Premières Nations. Une publication du même titre coéditée par les Éditions du Quartz et par le Musée d’art de Rouyn-Noranda (MA) réunit 50 reproductions d’œuvres accompagnées d’autant de poèmes inédits, l’artiste ayant également amorcé, au tournant des années 2000, une œuvre littéraire qui compte aujourd’hui plus de sept titres. Cette exposition et cette publication ont été conçues par le Musée d’art de Rouyn-Noranda grâce au travail du chargé de projet Marc-Olivier Hamelin.
Ourse bleue - Piciskanâw mask iskwew trace le parcours artistique et personnel d’une artiste importante en Abitibi-Témiscamingue et au Canada, et la force considérable qu’elle a su déployer en s’imposant comme femme artiste eeyou dans le milieu culturel. Il est possible de mieux cerner la réalité autochtone telle qu’elle a été vécue au siècle dernier, période de grands bouleversements pour les premiers habitants du territoire. Ses œuvres offrent un regard inédit sur les cultures eeyou et anishnabe, dont l’originalité mérite d’être mieux connue du plus grand nombre.
Née en Jamésie, au nord-ouest du Québec, plus précisément à Rapides-des-Cèdres près de Lebel-sur-Quévillon, Virginia Pesemapeo Bordeleau est la fille de Frances Pesemapeo et Rosaire Bordeleau. Frances Pesemapeo, dont le patronyme signifie « arc-en-ciel », est originaire de la communauté de Waswanipi, premier village eeyou au nord de l’Abitibi. Rosaire Bordeleau possède une grand-mère autochtone et a vécu une grande partie de sa vie parmi les Abitibiwinnis. Virginia connaît la vie nomade jusqu’à l’âge de 4 ans, moment où les enfants de la famille Bordeleau doivent se présenter à l’école. Ne connaissant que l’anishnabe et le cri, elle met plusieurs mois avant d’arriver à reconnaître des mots français.
Dès l’âge de 6 ans, elle reçoit des pastilles d’aquarelle de la part de son père, alerté par un rêve. Aînée de la famille, à cheval entre les cultures eeyou, anishnabe et québécoise, elle reçoit de sa mère les récits chamaniques et de son père la fluidité du passage d’une culture à l’autre. La vie métisse n’en demeure pas moins conflictuelle. Elle dira : « Blanche chez les Cris, Indienne chez les Blancs ». C’est à travers son œuvre picturale que depuis 40 ans elle explore, comme en témoigne l’exposition rétrospective, la profondeur de la culture autochtone.
C’est à la fin des années 70 qu’apparaissent les premières œuvres professionnelles. Ces œuvres fixent sur canevas les moments familiaux. La famille et ses lieux sont peints et se révèlent comme une marque de visibilisation de la vie métisse. Sur une toile, est inscrit le titre « Anishnabeg Iskwew », affirmation identitaire qui est éclairée par une précision figurative où sont nettement reconnaissables les membres de la famille et dont la figure centrale sera justement Frances, cette mère eeyou.
Frances au chat, 1988, acrylique sur toile, 91 x 76 cm
La fin des années 80 est marquée par une transition : l’entourage disparaît pour laisser entrer l’animal, suivant une trajectoire formelle plus métaphorique. L’ourse, les loups, l’inukshuk, le grand quetzal sont griffés de symboles qui évoquent la culture ancienne et partagée des Premiers peuples des Amériques. Des voyages au Mexique et aux États-Unis alimentent cette compréhension d’une grande connexion pancontinentale des cultures autochtones. Des symboles communs et une vision partagée du monde renforcent la valorisation identitaire.
La quête du loup II, 1994, acrylique sur toile, 213 x 137 cm
Au cours des années 2000, les couleurs priment et les sujets se délitent. L’artiste amorce un nouveau langage visuel où le mouvement – dans la composition – se mêle au rêve. Depuis plusieurs années, cette conscience onirique habite fortement l’artiste.
Le geste de la peintre est vigoureux sur le canevas et brouille les pistes, ouvrant la voie à une expressivité agissante et à l’exploration du territoire naturel, aussi bien que du territoire surnaturel. En effet, tandis que le mouvement est dominant, les titres renvoient aux objets qui sont les adjuvants d’une communication avec le grand Manitou, le Kitchi Manitou : sacs de médecine, oiseau-tonnerre, plume d’aigle, danseur.
Quand le corbeau danse, acrylique sur toile, 91 x 91 cm
Au cours de la même période s’amorce une œuvre littéraire, roman et poésie, qui constitue une affirmation identitaire encore plus nette et complexe, et une ouverture sur l’autre. Dans les dernières années, l’artiste concentre sa création sur le drame social des femmes autochtones disparues ou assassinées. En 2017, elle présente l’œuvre participative Poésie en marche pour Sindy à Val-d’Or, exposant la réalité de Sindy Ruperthouse, une femme anishnabe disparue en 2014. Paraît alors le recueil Poésie en marche pour Sindy. Récemment, Pesemapeo intègre la broderie et s’allie à des femmes de Premières Nations de Val-d’Or afin de broder des symboles spirituels. Ce travail minutieux et porté par la main féminine s’exprime comme un acte de visibilité afin de rappeler que des violences ont été exercées envers les femmes autochtones et le sont toujours.
L’exposition tente de retracer tout le parcours artistique et militant de Virginia Pesemapeo Bordeleau de la manière la plus complète, à travers une centaine d’œuvres, de la femme qui se souvient, petite fille, d’avoir été élevée avec des oursons, à celle qui accompagne ses sœurs dans l’affirmation d’une culture qui mérite sa place au Canada.
Ourse cosmique, 2016, sculpture en carton et verre, 100 x 41 x 36 cm
Gérard Houle et Mireille Grenier Samuelle Ramsay-Houle Martine Cloutier Jocelyne Blais Alexis Ramsay-Houle Renée Nolet Jean-Jacques Lachapelle Trame Architecture + Paysage Fonds municipal d’art contemporain de la Ville de Rouyn-Noranda Martine Sauvageau Mélanie Provost Madeleine Bourgeois Gilles Shooner Marianne Kugler François Ruph Sylvie Matte Richard Blanchard Marie Lachapelle Benjamin Bordeleau Frédéric Bordeleau François Bordeleau-Paré Rock Lamothe Jean-Guy Côté Micheline Audette Fondation de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue Louis Gagnon
Cette exposition, accompagnée d’une publication, a été soutenue financièrement par le Conseil des arts du Canada, Hydro-Québec et la Ville de Rouyn-Noranda.
Ministère de la Culture et des Communications du Québec
Caisse Desjardins de Rouyn-Noranda
Ville de Rouyn-Noranda
Autobus Maheux
Tourisme Rouyn-Noranda
Centre Hôtellier Deville
ARTCAD - architectes
Le Réseau muséal de l'Abitibi-Témiscamingue
Pizzé
MA, musée d'art
Véritable centre culturel, le MA contribue à la vitalité de la cité. Installé depuis 2012 au centre-ville de Rouyn-Noranda, il participe pleinement à l'essor des arts visuels dans le nord-ouest québécois.